La crise du coronavirus et la gestion qui en a découlé vous ont inspiré le néologisme de « pandémopolitique ». Qu’entendez-vous signifier par ce terme ?
C’est une façon de dire que la pandémie actuelle n’est pas simplement un événement sanitaire, aussi complexe soit-il. Elle mobilise certes toutes les grandes questions de santé – l’état de nos hôpitaux, le manque de moyens en santé publique, l’accès aux médicaments ou à la vaccination, etc. – mais elle soulève également des enjeux sociaux colossaux, qui impliquent de multiples dimensions de notre vie au quotidien comme nos modes d’habitat, de déplacement ou d’alimentation. De ce fait, le Covid-19 est un événement politique total, qui engage un rapport au monde beaucoup plus général, au-delà du seul débat sur l’avenir de nos systèmes de santé. On a parfois l’impression d’une certaine dichotomie, comme si les grilles de lecture restaient très cloisonnées : d’un côté, des médecins et des professionnels de santé, qui pensent la crise sanitaire sans forcément la relier aux grands défis sociaux qu’elle pose ; de l’autre, des voix nombreuses qui prennent appui sur cette crise pour interroger notre modèle de société mais en oubliant l’enjeu sanitaire. « Pandémopolitique », c’est précisément l’idée de concilier ces deux approches, ce qui suppose donc de penser la question sanitaire et médicale en la reliant...