L'art et la matière

Héloïse Valet : Rêves textiles

Photos par Sophie Palmier

Vieillotte, la laine ? Aux quatre coins de l’Hexagone, une nouvelle génération d’artisans réinvente le pull de grand-mère pour mieux résister à la fast fashion. Dans son atelier breton, Héloïse Valet tisse des fibres naturelles et locales pour des vêtements qui relient les corps aux alpages.

Elle détonne cette très vieille grange, avec ses murs en terre de 60 centimètres d’épaisseur, dans cette petite ville devenue banlieue-dortoir, annexée par l’agglomération rennaise. « La France moche », tranche ­Héloïse ­Valet. La tisserande a grandi ici, à Thorigné-Fouillard, dans les années 1980. Après quelques échappées au sein des écoles d’art et de design de Limoges-Aubusson, de Burg Giebichenstein, en Allemagne, et pour finir une formation à l’école Boulle, à Paris, elle a regagné ses pénates bretons. Et dans cette grange anachronique plantée sur le terrain familial, rescapée d’un passé agricole, elle a trouvé un repaire pour ses rêves textiles. Le seuil franchi, la périphérie urbaine s’éloigne aussitôt. Les parois blanchies à la chaux, recouvertes de bâches par endroit, semblent abriter un ailleurs plus réjouissant. Entourés de bobines, navettes, aiguilles, rouets, fuseaux et tissus, deux imposants métiers à tisser en bois trônent sur le sol en ciment. Avec leurs pédales, leurs systèmes de cordage et de poulies, ils font penser à un piano à queue, ou plutôt à des voiliers. « De vieux gréements », sourit ­Héloïse ­Valet, quand des grincements se font entendre alors qu’elle procède à quelques réglages. Le « tissage à bras » porte mal son nom. Car c’est tout le corps de l’artisan qui est mobilisé pour actionner la machine.

 

C’est en tissant qu’on devient tisserande

D’un bond...

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