Dans un village du Togo, des hommes déversent des cascades de fruits rouges et luisants dans un tronc d’arbre creux. Ces noix oblongues proviennent du palmier Elaeis guineensis, originaire de Guinée. En chauffant puis en écrasant les noix, les habitants en tireront un liquide rougeâtre et visqueux : la fameuse huile de palme.
Dans sa version traditionnelle, cette huile est colorée et source de carotène pour les populations des zones équatoriales. Dans sa version transformée, en revanche, elle est blanchâtre, pâteuse, et mauvaise à la fois pour la santé, les forêts et les populations voisines des plantations. Entre 2000 et 2021, la production d’huile de palme a été quasiment multipliée par quatre, passant de 22 à 80 millions de tonnes. Un marché mondial estimé à plus de 50 milliards de dollars.
Article de notre n°68 « Le grand complot écolo », disponible en kiosque, en librairies et sur abonnement.
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Subventionnée comme carburant écologique
Il faut dire que cette plante est un trésor de productivité, fournissant sept à dix fois plus d’huile à l’hectare que le soja ou le tournesol. « Le problème n’est pas l’huile de palme en soi mais la consommation qu’on en a, souligne Flavia Fabiano, chercheuse en économie politique au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Dans les années 1990, on a voulu remplacer le gras animal par du gras végétal dans un tas de produits...