Sécheresse et désespoir

Mésopotamie : les marais menacés par la sécheresse et l'extractivisme pétrolier

Photos : Meethak Al Khatib

Dans le sud de l’Irak, le delta formé par la confluence du Tigre et de l’Euphrate abrite les marais de Mésopotamie. Cet écosystème unique est le refuge des tribus maadans. Ces éleveurs de buffles peuplent des villages lacustres dont l’origine remonte aux prémices de la civilisation. Aujourd’hui, leur survie est menacée par le réchauffement climatique et l’assèchement des marais accéléré par la mauvaise gestion des ressources hydriques irakiennes et l’extractivisme pétrolier. Et en Irak, rares sont les voix à s’élever pour protéger le peuple des marais.

Sur la surface lisse du marais, la pirogue tangue et vacille. Déséquilibrées par les cartables encombrants, éblouies par les rayons roses de l’aube naissante, deux écolières s’appuient l’une à l’autre pour prendre place sur le bateau.

D’un ample mouvement de sa perche de bambou, leur grande sœur, dressée sur la poupe, accompagne le glissement de l’esquif. Il leur faudra près d’une heure pour traverser l’enchevêtrement de canaux qui composent les marais de Mésopotamie et rejoindre l’école située un peu plus loin sur les berges de l’Euphrate, tout au sud de l’Irak. Depuis la rive craquelée de son îlot, Oum Rathy, quarante ans à peine, drapée d’un voile noir, suit ses filles du regard. « Nous sommes probablement l’avant-dernière génération à vivre ici », murmure-t-elle fébrilement.

Article de notre n°68 « Le grand complot écolo », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.

Soudain, une complainte singulière s’élève dans son dos. Le col d’un buffle d’eau coincé sous sa main calleuse, le mari d’Oum Rathy entonne une mélodie gutturale, c’est le chant des éleveurs qui annonce l’heure de la traite : le langage du peuple maadan et de ses bêtes. Ils étaient 400 000 habitants dans les années 1980, ils ne sont plus qu’entre 20 et 40 000 Maadans, selon les estimations, à survivre dans des abris lacustres faits de roseaux enlacés, les mudhifs, construits selon les coutumes...

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NUMÉRO 68 : FÉVRIER-MARS 2025:
Le grand complot écolo : quand les conspis s'emparent de l'écologie
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