Dans quoi s’enracinent les communs ?
Ce qui est datable n’est pas leur origine, mais leur déracinement. Car les communs émanent depuis toujours des communautés humaines en tant que prolongement des modes d’existence du vivant en général. Les communs n’ont donc jamais été inventés, c’est seulement l’idée qu’ils constituent des parasites s’opposant au progrès qui l’a été. Et cette idéologie constitue une violence intrinsèque infligée à la manière dont les groupes humains ont subsisté partout dans le monde. On pourrait parler d’épuration anthropologique violente, qui doit recommencer à chaque génération. L’école moderne constitue l’un de mes exemples favoris. Cette institution tente en permanence de se réformer, sans remettre en cause son exigence fondamentale qui est de pouvoir « évaluer » un apprentissage, autrement dit le rendre attribuable à l’individu.
Entretien à retrouver dans notre hors-série « Ces terres qui se défendent », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
L’école agit comme une fabrique de l’individualisation par l’épuration de manières alternatives de travailler ensemble. Cela se cristallise dans certains dogmes – « tricher, c’est mal », alors que tricher, c’est aider l’autre – et la séparation d’avec les adultes, ce qui entrave la transmission informelle entre générations. Ainsi, l’école trie et sépare les méritants des autres, rétifs à sa discipline....