La route qui mène au parc national de Yanbaru, au nord de l’île d’Okinawa, dans l’archipel des Ryukyu, coupe la jungle en deux. De part et d’autre, des hectares de végétation subtropicale. On peut y croiser bon nombre d’espèces endémiques, telles que le râle d’Okinawa, le scarabée Cheirotonus jambar ou encore la fameuse vipère Habu, celle-là même que l’on retrouve un peu partout sur les étals des marchés, préservée dans les bouteilles de habushu, l’eau-de-vie de serpent. Mais ce n’est pas pour observer la faune que Miyagi Akino plonge dans la jungle inlassablement depuis bientôt dix ans. « Voilà ce que j’ai amassé en même pas une semaine, dit-elle en étalant sur la table en plastique de son jardin des dizaines de balles de fusil automatique, des flares, une grenade piquée par la rouille. Des sacs comme ça, j’en ramasse plusieurs fois par mois. Ironique pour un site classé à l’Unesco, pas vrai ? »
Grand reportage issu de notre n°66, en kiosque, librairie, à la commande ou sur abonnement.
Originaire d’une île voisine, l’entomologiste autodidacte se passionne très tôt pour les insectes, et notamment les papillons. Un hobby débordant qui l’amène à passer le plus clair de son temps dans la nature. Jusqu’au jour où elle découvre que l’habitat supposé être protégé – le Yanbaru est devenu parc national en 2016 – a servi de dépotoir au Jungle Warfare Training Center, le centre...