Deux jours après qu’un feu de forêt nous a chassés, mon mari et moi, de notre maison dans la forêt californienne desséchée, l’un de nos voisins immédiats, qui avait obtenu des autorités la permission de retourner dans la zone incendiée pour s’occuper de son lama domestique, nous a appelés pour nous dire que notre maison avait « subi quelques dégâts ».
Texte inédit issu de notre hors-série « Comment nous pourrions vivre », avec Corinne Morel Darleux rédactrice en chef invitée. À retrouver sur notre boutique.
C’était gentil de la part de Peter d’essayer d’annoncer la nouvelle en douceur, mais il n’aurait pas dû s’en faire. Depuis que les feux de forêt liés au changement climatique ont fait leur apparition dans le nord de la Californie il y a plusieurs années, depuis que la « saison des feux » a commencé à remplacer l’« automne » dans notre vocabulaire et que les habitants ont été encouragés à garder à côté de leur porte d’entrée des sacs à dos prêts en cas d’urgence, j’étais sûre que ce n’était plus qu’une question de temps avant que notre maison et notre forêt ne comptent parmi les victimes.
Après avoir remercié Peter de son appel et exprimé mon soulagement de savoir que lui, son mari et leurs animaux étaient tous sains et saufs, j’ai raccroché le téléphone et pleuré.
J’ai pleuré parce que mon mari et moi venions de perdre la modeste maison préfabriquée qui avait...