Le camion Mondial Relay est, comme chaque matin, venu se garer sur l’étroit trottoir, à cheval sur la chaussée, rue des Trois-Pierres, dans le 7e arrondissement de Lyon. Il ne sera pas le seul aujourd’hui à livrer son avalanche de colis – invraisemblable Tetris de cartons estampillés Amazon, Zalando, Fnac, Cdiscount, Vinted ou bien encore Vente-privée – à ce qui fut autrefois une épicerie de quartier, reconvertie désormais exclusivement en point relais. À quelques dizaines de mètres de là, la file d’attente commence à s’allonger devant le bureau de Poste. Avis de passage ou colis en main, on patiente pour récupérer son dû ou retourner à l’envoyeur un article qui a déplu. Dans ce quartier passant et animé, les camionnettes de livraison, elles, pour la plupart banalisées, squattent déjà les couloirs de bus en un alignement épileptique de warnings clignotants. Les premiers coups de klaxon retentissent. Le ballet des livreurs, bras chargés, sonnant aux interphones, est lancé.
Ces scènes nous semblent aujourd’hui d’une grande banalité : 1,3 milliard de colis ont été livrés en France en 2020, une hausse de 12 % par rapport à l’exercice précédent. Trois ans plus tôt, c’était « seulement » 500 millions. Près de 70 % de ces envois concernent des colis domestiques. Ces quelques chiffres donnent un aperçu de la vertigineuse accélération dans laquelle nous sommes engagés. « Les livraisons représentent...