Vous êtes mécontent ? Nous vous proposons une solution : aller s’en plaindre directement au président. Pour cela, rien de plus simple. Il suffit de se rendre au n° 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le VIIIe arrondissement de Paris, et de sonner à la porte du palais pour demander à lui parler. Si le garde républicain venait à vous accueillir avec malveillance, n’hésitez pas à vous prévaloir du plus haut degré de légalité. Notre texte suprême, la Constitution de 1958, vous offre des arguments juridiques de première valeur : la République repose sur le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », selon l’article 2, tandis que le suivant assure que « la souveraineté nationale appartient au peuple ». Las, le simple fait d’imaginer une telle démarche tient de l’extravagance, car vous savez bien qu’elle s’arrêterait à la grille de l’Élysée avec, au mieux, le sarcasme de l’agent de sécurité et, au pire, une interpellation… La France ne serait-elle pas une démocratie ?
La meilleure réponse à ce paradoxe pourrait bien être dans les thèses d’un intellectuel aussi méconnu que brillant : Leopold Kohr (1909-1994). L’essentiel de ses idées tient dans un essai paru en 1957, L’Effondrement des puissances – seulement traduit en français en 2018, aux éditions R&N – dans lequel ce lauréat du prix Nobel alternatif en 1983 avance une proposition à la fois simple et...