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La garantie à l'emploi contre le chômage

© Territoires zéro chômeur de longue durée

Pour résoudre la question du chômage, voilà une proposition atypique : que l’État crée des emplois pour tous ceux qui le souhaitent. L’économiste Dany Lang explique à Socialter à quoi ressemblerait ce dispositif baptisé « garantie à l’emploi ».

Concrètement, qu’est-ce que la garantie à l’emploi? 

Il s’agit d’un programme où l’État créerait des emplois pour tous les chômeurs qui souhaitent travailler. L’idée est de faire correspondre ces emplois aux désirs et aux compétences des chômeurs, qui choisissent leur nombre d’heures de travail et sont rémunérés au salaire minimum ou un peu au-dessus. Précisons que l’emploi garanti n’est pas du travail obligatoire : si les emplois proposés ne correspondent ni aux souhaits ni aux compétences des chômeurs, ils peuvent tout à fait décider de continuer à toucher leurs indemnités. La garantie à l’emploi est planifiée de façon démocratique et locale lors de réunions de concertation avec toutes les parties prenantes : les syndicats, les employeurs, les habitants et surtout les chômeurs. Ces derniers expriment leurs désirs et exposent leurs compétences, et les collectivités locales voient dans quelle mesure cela correspond à leurs besoins. Puis les employeurs sont impliqués pour vérifier que ça ne fera pas concurrence avec l’emploi privé et évidemment l’emploi public qui existe déjà dans le secteur en question. C’est donc plus facile dans certaines zones rurales. Ça fonctionne très bien dans nos Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) parce que ce temps de la concertation a été pris.

“La seule limite, c’est l’imagination.”

Quels seraient les secteurs économiques concernés?

Tout dépend des compétences des chômeurs et des besoins locaux. Ça peut très bien concerner des secteurs qui existent déjà dans le privé mais sont désertés localement ou des activités non rentables pour le privé et délaissées par les collectivités. À Loos (près de Lille), par exemple, il n’y avait pas de garage. Or, un chômeur avait des compétences de mécanicien : un garage à tarifs sociaux a ainsi vu le jour. Les habitants ont aussi beaucoup de choses à dire sur ce qu’ils souhaiteraient voir se développer localement. Aujourd’hui, l’essentiel des besoins est en lien avec la transition écologique. Dans les TZCLD, il s’agit de diagnostic énergétique, de livraison à vélo, de recyclage des portes et fenêtres, d’aménagement de parcs et de jardins… On peut aussi proposer une offre de mobilité pour la population qui n’a pas le permis ou est en situation de handicap. La seule limite, c’est l’imagination. En Argentine, le plan Jefes(1) a si bien fonctionné que les gens impliqués ont continué à venir travailler bénévolement une fois le programme arrêté ! Cela dit, le dispositif d’emploi garanti doit être pérenne, mais au bout d’un certain temps, soit l’activité devient solvable et intègre le secteur marchand, soit c’est un besoin permanent et l’État doit ouvrir des postes de fonctionnaires. 


Qui en seraient les plus grands bénéficiaires?

L’expérience montre qu’il s’agit de ceux qui ont des difficultés à s’intégrer sur le marché du travail car ils sont au chômage depuis plus de six mois, considérés comme inemployables car ayant perdu leurs compétences et leurs habitudes. Les personnes en situation de handicap sont également concernées car elles sont souvent écartées par les employeurs. Les femmes en bénéficient aussi particulièrement parce qu’elles peuvent accéder à des emplois à temps plein au lieu de devoir se contenter de temps partiels. Les employeurs qui abusent des temps partiels devront donc redéfinir leur fonctionnement.


Y aurait-il d’autres avantages?

Qu’on le veuille ou non, le chômage reste une honte, on le cache à ses voisins. C’est aussi la première cause de divorces, et le lien avec la dépression et la criminalité est bien établi. La garantie à l’emploi accroîtrait le bien-être social. Par ailleurs, la peur du chômage empêche de se syndiquer et de revendiquer, donc les conditions de travail s’en trouveraient améliorées. 


(1) En réponse à la crise de 2001, l’Argentine a instauré, de 2002 à 2006, un mécanisme d’emploi garanti, le « Plan Jefes y Jefas de Hogar Desocupados » (PJJHD) - plan pour les chefs de famille au chômage. Le programme a employé jusqu’à deux millions de personnes.

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