Au milieu des champs, quatre dômes verts dominent la route nationale qui mène au village d’Augicourt, en Haute-Saône. À l’intérieur de ces cuves qui poussent comme des champignons un peu partout en France, les agriculteurs entassent leurs déchets – fumiers, lisiers, résidus de cultures – afin de produire du gaz grâce au procédé chimique de la méthanisation. Ce « biogaz » est soit reconverti en chaleur et en électricité par un système en « cogénération », soit épuré afin d’en tirer du méthane directement « injecté » dans les réseaux de gaz (voir schéma p. 75). De quoi alimenter des milliers de foyers. Pour les agriculteurs, la méthanisation est une opportunité pour « valoriser leurs effluents d’élevage », indique Loïc Detruche, adhérent de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AMMF). Mais c’est aussi une façon, grâce à la revente de l’électricité ou du biogaz, de « diversifier leurs revenus » dans un secteur économique soumis à de nombreux aléas. D’autres agriculteurs voient aussi la méthanisation comme une occasion de gagner en autonomie énergétique. Michaël Muhlematter, installé également en Haute-Saône, chauffe ainsi sa maison, son eau sanitaire ou encore les installations de sa fromagerie, grâce à son système en cogénération. Il a en outre « quasiment supprimé l’achat d’engrais chimiques », assure-t-il. À la place, il étale le...