Aujourd’hui, il ne sera pas question du Colisée, du Panthéon ou du Vatican. Nous avons rendez-vous à la sortie du métro Garbatella, qui dessert un quartier populaire et excentré du sud de Rome. L’endroit frappe plutôt par sa laideur : une voie ferrée, deux avenues, un pont aux arches blanches écrasantes avec, tout autour, une succession d’immeubles fades qui déclinent par dizaines des logements standardisés. Et, de l’autre côté de ce pont futuriste, un grand terrain vague enserrant des bâtiments abandonnés auxquels on n’avait pas encore fait attention. C’est pourtant ici que Lorenzo Romito propose une première halte à ses étudiants du master d’humanités environnementales de l’université Roma Tre.
Leur module 5, concentré sur une semaine de septembre, porte un nom un peu spécial : Stalker. Les cinéphiles y auront reconnu le titre d’une œuvre mythique d’Andreï Tarkovski. Ils ont raison. Dans ce film russe de 1979, un guide appelé Stalker emmène deux personnages dans l’exploration d’un territoire interdit, la Zone, où les ruines du monde industriel côtoient une végétation en friche. Une dizaine d’années plus tard, un groupe d’étudiants fera de ce titre un étendard. La rencontre a lieu en 1990, lors des grandes grèves dans les universités de Rome. De ce moment à 1995, année où le nom de Stalker est choisi, se produit un bouillonnement auquel participe Lorenzo Romito, alors étudiant en architecture.
C’est...