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La Ville de Paris souhaite que ville et campagne se rapprochent

Jusqu'au 5 mars 2018, des structures de l'ESS peuvent participer à la deuxième édition de l'appel à projets "Solidarité Paris-Campagne". À la clé, un accompagnement et une enveloppe d'environ 100.000 euros partagée entre la demi-douzaine de lauréats. Rencontre avec Antoinette Guhl, adjointe à la Mairie de Paris chargée des questions relatives à l'économie sociale et solidaire, à l'innovation sociale et à l'économie circulaire.

Vous venez de lancer l’appel à projets “Paris-Campagne 2018”. L'objectif est de réduire la fracture entre la capitale et ses territoires ruraux?

Notre appel à projet part d’un double constat: l’aspiration des Parisiens à vivre plus en adéquation avec la nature, dans des espaces apaisés, avec une alimentation durable, locale et en circuit-court. En parallèle, les territoires ruraux à proximité se sentent souvent exclus du développement économique de la ville alors qu’ils pourraient bénéficier de sa rapidité, son agilité et ses débouchés économiques. L’objectif est donc de faire émerger et de développer des solutions innovantes, issues de l’économie sociale et solidaire, pour réinventer les relations entre Paris et les territoires ruraux à proximité. Cette année l’appel à projets participe de la stratégie de résilience de la ville de Paris adoptée en 2017.

 

Quels sont les types de projets visés?

Nous souhaitons soutenir par exemple des initiatives qui vont faciliter l’installation d’agriculteurs responsables à proximité de Paris, dans une démarche d’économie circulaire. À l’image de structures comme Terre de Liens, Primo Accueil Paysan ou Les Champs des possibles. Mais notre appel à projets ne se résume pas à l’agriculture et à l’accès à la terre. Un nombre croissant de Parisiens souhaitent s’installer à la campagne pour y entreprendre et développer une activité en télétravail. Nous visons donc aussi des structures qui accompagnent cette nouvelle façon de penser le travail. Un troisième sujet est la création de débouchés pour la production agricole de proximité via la vente directe des producteurs notamment. Nous serons sensibles aux projets de l’ESS mêlant dimension sociale, création d’emplois et économie circulaire.

 

Le nombre d’exploitants en Île-de-France a beaucoup baissé ces dernières années. Comment remédier à ce problème ?

Les villes ont un rôle primordial à jouer dans le renouvellement d’une agriculture responsable et de proximité. La commande publique durable impose 50% d’alimentation bio, locale ou durable d’ici 2020, ce qui permettrait à des agriculteurs de profiter directement de débouchés locaux. Cet objectif sera bientôt atteint. Mais notre appel à projets ne vise pas à répondre directement à ce problème, plus lourd financièrement. Il s’agit plutôt de créer de l’innovation sociale entre la capitale et ses campagnes.

 

Le circuit court et le local ont le vent en poupe. Comment favoriser les filières courtes et de proximité, comme les Amap et les Ruches ?

La question de la consommation responsable en ville et de sa distribution est centrale, et il est nécessaire de développer des lieux adaptés. Nous avons par exemple favorisé l’installation dans le 18e arrondissement de Paris de la Louve, une coopérative alimentaire où 5.500 Parisiens se regroupent et créent leur propre supermarché avec les produits qu’ils souhaitent. Deux autres coopératives sont en gestation dans les 12e et 20e arrondissements. Nous travaillons aussi avec les halles alimentaires gérées par des structures de l’ESS comme Kelbongoo. Pour les commerces éthiques, nous avons développé le label “Fabriqué à Paris” qui nous permet d’identifier ce qui est transformé dans la capitale. Déjà plus de 250 artisans bénéficient de ce label. Nous souhaitons aussi diversifier les commerces avec l’appel à projets “Magasins 100% vrac et ateliers de réparation” qui a pour objectif de soutenir les nouveaux modèles de consommation vertueux, qui n’ont pas recours aux emballages.

 

Comment s’organisent ces nouveaux commerçants face à la grande distribution?

Que ce soit les halles, les coopératives alimentaires, les magasins en vrac, ces commerces vendent des produits différents et doivent trouver un équilibre économique propre. La non multiplication d’intermédiaires, la participation des citoyens, la transparence et la lucrativité limitée sont des atouts pour ces alternatives car elles attirent des consommateurs plus avertis et conscients des enjeux environnementaux. C’est valable dans l’alimentation mais aussi dans d’autres secteurs d’activités comme le textile avec les recycleries et la vente de seconde main.


Le plus grand marché de produits frais du monde se trouve aux portes de Paris. Que fait Rungis pour contribuer à cet élan ?

C’est une chance d’avoir Rungis à proximité de la capitale. Cela nous permet de bénéficier d’une production très diversifiée pour des petits commerces et des restaurateurs qui réussissent à s’approvisionner en bons produits. Rungis a aussi désormais sa halle de produits locaux et bio. Il faut que la capacité d’approvisionnement réponde à cette envie d’une agriculture plus paysanne, de proximité avec des pratiques qui protègent l’environnement. Il y a également un besoin de transformation du paysage agricole francilien pour avoir des ceintures maraîchères telles qu’elles ont pu exister auparavant et qui permettront de nourrir la villes à l’avenir. Les acteurs du transport fluvial ont aussi décidé de s’impliquer, certains souhaitent faire venir par la Seine des produits pour pouvoir en faire une commercialisation à Paris.

 

Pour participer à l’appel à projet “Paris-Campagne 2018”

Date limite des candidature: 5 mars 2018



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