Sur la plage de Los Cuarteros, située à la pointe nord de la lagune, un groupe de baigneurs plongent dans l’eau salsugineuse et se mêlent au brimbalement des vagues. Entourés de flamands roses qui enjambent l’eau à la recherche de nourriture, des enfants chahutent au bord de l’eau ; d’autres, encore, s’écrient à la vue émerveillée d’un hippocampe. Voilà le paradis décrit par les anciens qui ont connu, avant les années 1970, la Mar Menor, la plus grande lagune d’eau salée de Méditerranée, avec ses 170 km2 de surface et 70 km de côte, située dans la région de Murcie en Espagne.
Grand reportage issu de notre numéro « Reprendre les choses en main », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Car aujourd’hui c’est un tout autre paysage qui s’offre aux yeux des visiteurs : l’eau est trouble, des algues stagnent à la surface près des côtes et sont ramassées tous les jours en été. Les flamants roses n’ont plus leur couleur atypique car les crevettes dont ils absorbaient les pigments ont disparu de la lagune. Le nombre de méduses a augmenté. Même le sable des plages – dont une partie a été importée – est parfois verdâtre. À certains endroits, une mousse épaisse et anormale s’échoue de temps en temps sur le sable. Ce triste paysage est la conséquence directe des politiques agricoles et d’irrigation de la région et de l’urbanisation massive qui s’est développée tout autour de la lagune à partir...