Le désir de nouveautés : une promesse commerciale au cœur du capitalisme

D’où vient la « néophilie », cet irrépressible désir de nouveauté, qui fait de nous les esclaves du consumérisme ? Dans cet essai, la philosophe Jeanne Guien déconstruit l’idée de nouveauté comme « valeur universelle et absolue ». En décortiquant l’histoire commerciale et industrielle du concept, elle montre comment les récits qui l’entourent ont évolué, de la quête d’exotisme à la recherche d’innovation, toujours pour « justifier », « réenchanter » ou « invisibiliser » l’obsolescence, stratégie centrale du capitalisme.

Elle fait débuter cette histoire au XV^e siècle avec la naissance du capitalisme européen qui prétend être « à l’avant-garde de l’histoire » alors qu’il se contente de faire passer pour nouveau ce qu’il s’approprie par le commerce colonial. Avec l’industrialisation, la nouveauté sert à légitimer les cadences croissantes de production que les machines imposent pour être rentabilisées avant de devenir obsolètes. Et à partir du XX^e siècle, le marketing, le design et la publicité promeuvent le consumérisme comme un moyen de nous libérer des contraintes de la vie matérielle (produits jetables, plats préparés…), en mettant au rebut par la même occasion l’entretien, la réparation et l’autoproduction. Mêlant théorie et exemples concrets, cet essai passionnant dévoile peu à peu la logique d’ensemble du capitalisme, et dès lors remet en cause la fatalité de l’obsolescence.

Le désir de nouveautés : une promesse commerciale au cœur du capitalisme Jeanne Guien Éditions La Découverte → 30 janvier 2025 – 352 pages – 23 €

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À propos de l'auteur

Nolwenn Jaumouillé
Journaliste pigiste en presse écrite et web, société, environnement, international