Le gouvernement a donné son feu vert : trois sites pilotes vont accueillir des projets de préservation des territoires à travers l'utilisation de l’élevage intensif en zones humides. Le Parc naturel régional du Cotentin et du Bessin (Normandie), les collectivités en charge du Grand projet du Marais de Brouage (Nouvelle-Aquitaine) et le Syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard (Hauts-de-France) sont concernés. L’objectif : préserver la biodiversité de ces zones tout en développant l’agriculture sur ces sols.
Ces expérimentations rentrent dans le cadre d’un rapport du CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable) publié en novembre 2017, qui préconisait le maintien de l’élevage extensif dans ces zones humides, qui représentent au total 2,2 à 3 millions d’hectares en France, soit 4,5 à 5,6 % du territoire. “La biodiversité et l’élevage sont chacun en grande difficulté, et c’est encore davantage le cas sur les territoires où ils interagissent : artificialisation irréversible des zones humides, où 75% des espèces sont en mauvais état de conservation”, soulignaient les rapporteurs.
Des zones de productions agricoles
Une zone humide est caractérisée par des immenses étendues d’eau dans lesquelles se développent la faune et la flore. Sur l’ensemble de la planète, elles hébergeraient 40% de la biodiversité dont 12% des espèces animales. Elles servent notamment d’abris pour les animaux lors des périodes de migration, de lieux de repos, de reproduction ou encore de territoires de chasse. La baie du Mont Saint-Michel ainsi que le Parc naturel régional de Camargue en sont des exemples connus en France.
Ces zones humides sont également utiles à l’activité humaine, notamment dans le secteur agricole : pêche, production de fruits de mer (huîtres, moules), de riz, de fruits ou de légumes. Elles sont aussi réputées pour leur gestion naturelle de l’eau. Lors de périodes de sécheresses, elles alimentent les nappes phréatiques ; tandis qu’elles servent de prévention contre les crues grâce à la rétention de l’eau, limitant ainsi la montée des rivières et fleuves en aval.
“Valoriser la productivité naturelle”
L’élevage extensif, réalisé sur de grandes étendues mais avec de faibles rendements, permet aux agriculteurs de nourrir leurs animaux, ovins et bovins, uniquement avec la végétation et l’eau présentes dans ces zones. Cependant, la faible productivité ne permet pas aux agriculteurs de dégager de forts revenus malgré des dépenses plus faibles que l’élevage intensif pour l’alimentation des animaux.
Le maintien de l’élevage extensif est important pour l’avenir des zones humides. Le rapport stipule que cette agriculture “garde des milieux humides ouverts et permet à certaines espèces inféodées aux prairies de s’y reproduire et de s’y développer”. Du côté des agriculteurs, “si l’objectif est de maintenir les milieux humides pour leur qualité de milieux naturels et leurs fonctions associées, alors le choix ne peut être que de valoriser au mieux la productivité naturelle de ces milieux, de l’optimiser par une gestion fine. Il est alors exclu d’augmenter la quantité produite pour assurer un revenu aux éleveurs sur les milieux naturels”. Enfin, les rapporteurs recommandent de baisser les charges, afin de permettre aux éleveurs de vivre plus dignement. Il faudra attendre un peu plus de quatre ans pour faire un bilan des premiers résultats.
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