Le « Café Suspendu » consiste à acheter un café pour l'offrir à un inconnu dans le besoin. L'association éponyme lance aujourd'hui un appel aux dons pour diffuser l'initiative, qui a déjà fait ses preuves à Marseille.
Le Café Suspendu est mort, vive le Café Suspendu. Issu d’une tradition napolitaine aujourd’hui en déclin, le fait d’offrir un café à quelqu’un dans le besoin avait fait le tour des réseaux sociaux l’année dernière après une publication sur la page Facebook des Indignés De France – qui comptabilise aujourd’hui plus de 50 000 likes. Plus d’un an après et plusieurs reportages sur le sujet (ici ou là), le mouvement a perdu de son envergure et nécessite un nouveau souffle. Si le nombre d’enseignes participantes reste encore flou, il y a pourtant une ville en France qui résiste : Marseille, où une association démarche depuis plusieurs mois bistrots, restaurants et cafés pour les inciter à rejoindre cette cause solidaire.
La renaissance
L’association marseillaise Café Suspendu a repris le concept initial en l’améliorant à sa manière. Son objectif : diffuser l’idée tout en la rendant pérenne et efficace. Pour cela, l’association lance ce mercredi 10 décembre, date de la journée internationale du « café suspendu », sa campagne de crowdfunding. Selon Fanny Havas, cofondatrice de l’association, il s’agit de « booster cette idée généreuse. Alors que toute l’Europe a parlé de ce phénomène pendant un moment, personne ne propose plus de café au bout d’un an. » Cet essoufflement ne s’explique pas par le manque de fraternité des consommateurs ou des barmans. L’offre n’a simplement pas rencontré de demande : « Beaucoup de personnes sont prêtes à offrir des cafés mais personne ne vient les chercher, explique Fanny Havas. Sur certains comptoirs, on pouvait voir 30 ou 40 promesses de cafés en attente qui ne trouvaient pas preneur. »
Depuis le début de l’année 2014, l’équipe de bénévoles marseillais œuvre pour diffuser le principe du café suspendu – le premier établissement a été démarché en mai dernier. Des kits présentant l’opération sont posés sur les zincs des bistrots participants et des affiches sont placardées sur leurs devantures. Par ailleurs, un système de cartes à gratter assure au projet sa viabilité : le directeur de l’établissement achète un lot de cartes à l’association, chaque carte correspondant à un café suspendu. « Le prix du café ne change pas, mais le gérant reverse une partie du don à l’association : 40 centimes par café », détaille le site de Café Suspendu. D’après Fanny Havas, ce système est plus « traçable » et responsabilise le gérant. Enfin, autre action notable : la sensibilisation. Les bénévoles de l’association fournissent aux sans-abri et aux personnes en situation de précarité la localisation des enseignes estampillées « Café Suspendu ».
50 établissements en 2015
Aujourd’hui, 12 lieux participent à l’opération à Marseille et 4 à 5 « cafés en attente » y sont consommés par jour, soit une centaine de dons par mois. « On a envie de passer à l’étape supérieure », lance Fanny Havas, très enthousiaste. L’appel aux dons, dont le montant est fixé à 20 000 euros, en est le point de départ. L’idée étant de rallier des équipes de bénévoles au-delà de la cité phocéenne (pour cela, Café Suspendu a notamment réalisé un petit film de campagne visible ci-dessous). Pour chaque nouvelle ville à sensibiliser (public et établissements participants), le collectif estime que 6 000 euros sont nécessaires. Pour Fanny Havas, l’objectif est « de monter le projet à grande échelle avec 50 établissements partenaires en 2015. »
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