Le mirage de l'automatisation
Découvrez notre chronique de « L’automatisation et le futur du travail » d'Aaron Benanav aux éditions Divergences.
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Tantôt angoissés, tantôt enthousiastes, les discours sur l’automatisation du travail cristalisent de nombreux fantasmes. D’abord, celui d’une disparition massive d’emplois du fait des machines, robots ou algorithmes ; ensuite, concernant la profonde désorganisation sociale que ce « chômage technologique » occasionnerait ; enfin, sur les uchronies cauchemardesques ou enchantées dont ces bouleversements pourraient accoucher. Ces diverses prophéties rejaillissent à chaque fois que « l’écart entre offre et demande de travail se creuse », note l’historien de l’économie Aaron Benanav – soit les années 1930, 1950, 1980 puis, à nouveau, les années 2010. Toujours est-il que l’influence de l’automatisation sur la disparition du travail humain est aujourd’hui surestimée.
Les causes profondes de la contraction durable de la demande d’emplois seraient plutôt à chercher du côté du manque de dynamisme de l’industrie, locomotive censée entraîner tout le reste de l’économie derrière elle. Sous-dotée en termes d’investissements, elle devient l’épicentre de la baisse générale du nombre d’embauches, de la stagnation des salaires et de la chute de la part du travail dans le revenu global. S’inspirant des travaux des héritiers les plus radicaux de Keynes comme Joan Robinson ou William Beveridge, Aaron Benanav espère tout de même qu’un « monde d’abondance » puisse advenir.
Comment ? En arrachant, par les luttes sociales, le contrôle de l’économie aux entreprises et aux capitalistes – ceux-là même qui sabotent dès qu’ils le peuvent toutes tentatives pour socialiser la production ou pour convertir l’appareil productif aux impératifs écologiques. Des pistes qui s’inscrivent néanmoins dans un cadre résolument productiviste, aveugles à la nécessaire autolimitation de nos besoins.
L’automatisation et le futur du travail, Aaron Benanav, Divergences, 26 mai 2022, 224 pages, 15 €.
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