Le romantisme n’est pas seulement un mouvement littéraire et artistique du début du XIXe siècle, comme le présentent généralement les encyclopédies. Il s'agit d'un phénomène beaucoup plus étendu et profond, dont on trouve des manifestations dans les domaines de la philosophie, de la religion, de la politique, du droit et des sciences humaines, et qui ne s’est pas non plus achevé en 1830 ou en 1848 mais continue aujourd’hui encore. Avec le romantisme, nous sommes face à une vision du monde dont la caractéristique quintessentielle est une protestation culturelle contre la civilisation capitaliste moderne au nom de certaines valeurs du passé.
Article issu de notre hors-série « Comment nous pourrions vivre » avec Corinne Morel Darleux, rédactrice en chef invitée. Disponible sur notre boutique.
Ce qu’il refuse dans la société industrielle et bourgeoise moderne, c'est avant tout le désenchantement du monde – une expression célèbre du poète Friedrich Schiller (1759-1805) –, soit le déclin ou la disparition de la religion, de la magie, de la poésie, du mythe, au profit d’un monde entièrement régi par la mécanisation, la rationalisation abstraite, la réification, la dissolution des liens communautaires et la quantification des rapports sociaux. Être romantique c’est donc, à de multiples égards, s’inscrire dans une tentative désespérée de réenchantement du monde au nom de valeurs sociales, morales ou culturelles...