Le mécénat d’entreprise a le vent en poupe. Depuis la « loi Aillagon » du 1er août 2003, qui vise à favoriser le développement du mécénat en accordant une réduction d’impôt sur les bénéfices égale à 60% du montant du don, le nombre d’entreprises mécènes ainsi que la valeur globale des dons ne cessent de croître. L’association Admical relève ainsi qu’entre 2010 et 2016, « le nombre d’entreprises ayant déclaré des dons au titre du mécénat a été multiplié par 2,5 passant de 28 000 à 73 500 ». La valeur totale des dons a, quant à elle, été multipliée par 1,8 passant de 945 millions à 1,7 milliard d’euros.En s’appuyant sur les données relatives aux déclarations sur les dons versés fournies par la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) et sur leur propre base de données, l’Admical estime que 9% des entreprises françaises étaient mécènes en 2017, pour un budget total compris entre 3 et 3,6 milliards d’euros (comprenant les dons déclarés et non déclarés). Si en termes de dons déclarés, les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire restent les plus importantes donatrices (à hauteur de 57%), les PME et TPE sont celles qui connaissent la plus forte hausse (multiplié par 2,5 en moyenne entre 2010 et 2016).
La proximité comme critère essentiel
Le mécénat peut concerner des projets à l’étranger, mais les dons destinés aux associations françaises de proximité restent largement privilégiés. 89% des entreprises mécènes étaient ainsi engagées au niveau local ou régional en 2017, contre 73% en 2013 et 81% en 2015. Cette prévalence du mécénat de proximité s’explique par l’importance accordée par ces entreprises à bâtir des liens forts avec les acteurs locaux, soigner leur image auprès des populations mais aussi offrir du sens à leurs employés grâce à un projet qui les concerne directement. Le mécénat n‘est d’ailleurs pas nécessairement financier, il peut être « en nature » (don de produits ou de services) ou même « en compétence » (mise à disposition d’un salarié pour un projet d’utilité générale).
En ce qui concerne la répartition des dons par secteur, le social, le culturel et l’éducation occupent respectivement les trois premières places du podium. En revanche, on peut déplorer la faiblesse des dons accordés aux secteurs de l’environnement (environ 7% du budget total) et de la recherche (moins de 1%). Deux secteurs qui en auraient pourtant cruellement besoin, à l’heure où les budgets alloués à la recherche et l’enseignement supérieur diminuent et où les initiatives écologiques manquent de moyens et dépendent généralement des appels au financement participatif.
De belles perspectives ?
Les avantages financiers restent un critère important pour ces entreprises mécènes, mais ils ne constituent pas nécessairement un critère décisif. 36% des entreprises ont déclaré ne pas avoir bénéficié du crédit d’impôt en 2017 (+7% par rapport à 2015). Clément Plaut, patron de la TPE « Les lunettes de Clément », rapporte à Admical : « On parle trop souvent de la réduction d’impôt comme raison de faire du mécénat. Pour une PME, c’est un véritable investissement en temps, en énergie et en moyen qui s’explique par l’envie d’être acteur de son territoire. Soutenir et agir localement donne du sens et de la satisfaction. »
Avec ces nouveaux chiffres et la loi Pacte sur la responsabilité sociale des entreprises (que nous avions décrypté dans le numéro 30 de Socialter), les entreprises semblent – au moins sur le papier – tendre vers une réconciliation avec la notion d’intérêt général. Reste à ce que ces tendances soient le reflet de véritables motivations et non d’opérations de communication rondement menées.
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