« How dare you! » (« Comment osez-vous ! ») Cette phrase prononcée par Greta Thunberg le 23 septembre 2019 aux Nations unies, lors d’un sommet de chefs d’État, montre bien à quel point la culpabilité peut être une arme de persuasion massive, tout au moins aux yeux de l’opinion publique. « Comment osez-vous, poursuit l’égérie suédoise de la lutte contre le réchauffement climatique, regarder ailleurs et dire que vous en faites assez, […] alors que des gens souffrent, meurent, que des écosystèmes entiers s’effondrent, que nous sommes à l’aube d’une nouvelle extinction de masse ! Les yeux de toutes les générations futures sont rivés sur vous. Et si vous décidez de nous laisser tomber, nous ne vous pardonnerons jamais. » Une véritable injonction, que seuls les actes peuvent satisfaire et qui a persuadé des millions de jeunes à travers le monde de se mobiliser pour les grèves de l’école, chaque vendredi.
Mais ce n’est pas le seul exemple. En 2017, également en Suède, naissait un autre mouvement social et protestataire basé sur la culpabilité – le flygskam ou « honte de voler » –, qui montre du doigt ceux qui prennent l’avion aussi fréquemment que d’autres prennent le bus, et qui font exploser leur bilan carbone. La même année, c’est le köpskam qui est venu hanter les consciences des consommateurs nordiques et les rappeler à leur devoir écologique. La « honte d’acheter » fustige en...