Dans un livre qui fait date, L’Écologisme des pauvres, l’économiste et historien Joan Martínez Alier montre que la protection de l’environnement n’est en rien l’apanage des classes aisées. À ses yeux, il existe de longue date une écologie populaire, qui s’exprime dans les combats pour une meilleure répartition des ressources mais aussi des « maux » environnementaux. « L’écologie, c’est aussi défendre ses conditions d’existence et de subsistance contre les logiques d’accaparement et de contamination. Les classes populaires ont été les premières à le faire », abonde l’historien François Jarrige.
Article issu de notre numéro 62 « L'écologie, un truc de bourgeois ? », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Depuis le début de l’industrialisation, l’histoire est jalonnée de ces luttes. « Dès le XIXe, il y a une série de mobilisations qui vont mettre en cause les fumées industrielles et la dégradation des végétaux à cause de l’extension de l’industrie », explique l’historien Renaud Bécot, qui a dirigé le livre Vivre et lutter dans un monde toxique. Si le terme « environnement » n’est pas encore utilisé à l’époque, d’autres mots y renvoient, comme « nuisance » puis « pollution » à la fin du XIXe siècle.
Pourtant, ces luttes ont pour la plupart été oubliées ou passées sous silence. « Les atteintes à l’environnement ont longtemps été...