Port-en-Bessin, dans le Calvados, Wilfried Roberge a été mis en garde dès le moment où il a acheté une senne pour son nouveau navire : « Cette méthode, très efficace et dangereuse, est à utiliser avec parcimonie », l’a averti le vendeur. Version « améliorée » du chalut de fond, ce filet en entonnoir est relié à un câble qui, en vibrant, génère un mur de sédiments et piège tous les poissons présents à l’intérieur… au point de ne rien laisser de vivant dans son sillage.Sur le bateau du marin normand, l’engin, testé une fois, n’est pas près de retourner à l’eau de sitôt. « Je le garde pour conserver la licence et éviter la construction d’un nouveau bateau, témoigne le pêcheur. Mais je me refuse à l’utiliser, pour ne pas détruire ce que la mer nous donne. »
Reportage à retrouver dans notre numéro 56 « Géo-ingénierie, c'est parti ? » en kiosque en février-mars et sur notre boutique.
Et pour cause : chaque jour, le passage de seulement cinq senneurs suffit à faire disparaître toute vie dans un périmètre équivalent à la ville de Paris, d’après l’ONG Bloom, qui se bat contre l’utilisation de cette technique de pêche depuis deux ans. Dans les eaux de la Manche, l’organisation recense 54 navires qui en font usage, dont 40 sous capitaux néerlandais mais battant pavillon d’une autre nationalité (français, belge, allemand ou britannique). Face à ces balafreurs des mers, la pêche...