Marc Jeanson a toujours admiré les « monomaniaques ». Ces savants à demi fêlés, aux bureaux poussiéreux et un brin austères, qui habitent les laboratoires scientifiques et consacrent leur vie entière au même sujet d’étude : une météorite, une bactérie, la danse nuptiale d’un oiseau tropical. Un jour, au milieu des années 2000, l’un d’eux lui a confié son premier job universitaire. Dans les couloirs du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN), on surnomme ce professeur de botanique « la Chèvre ». Un homme tellement myope, qu’il devait « coller sa tête tout contre les feuilles des plantes » pour les observer. Le jeune homme doit trier les casiers de l’Herbier de Paris, au rayon feuilles et fruits des bombacacées – la famille des baobabs. Ici, des millions de plantes séchées s’entassent sur plusieurs étages, où circulent d’autres « Monomaniaques ». Marc Jeanson est magnétisé : en 2013, il y est nommé responsable des collections.
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Lui aussi a frôlé de peu une carrière d’obsessionnel. Avant de prendre la tête de l’Herbier de Paris, il se rêve « palmologue ». Comprenez : spécialiste des palmiers. Zone de compétence privilégiée ? Les palmiers d’Asie du Sud-Est, auxquels il consacre une thèse grâce à une bourse américaine, qu’il rédige au New...