Vous faites état d’une répression croissante, partout en Europe occidentale, des militants environnementaux. Dans quelle mesure est-ce vraiment nouveau quand on pense, par exemple, à l’histoire du mouvement antinucléaire, émaillée elle aussi de réactions violentes du pouvoir ?
C’est vrai que ce n’est pas totalement nouveau, j’ai été moi-même militant antinucléaire avec Les Amis de la Terre lorsque j’étais jeune. Ce qui est nouveau, c’est la sophistication de la répression, qui n’a rien à voir avec ce qu’il y avait à l’époque. Il existe aujourd’hui tout un arsenal, et en quelque sorte une « chaîne de décisions », qui expliquent la manière dont la répression augmente. La première étape pour moi ce sont les discours des politiques : « éco-terroristes », « talibans verts », « khmers verts » ou « éco-zélotes » selon les mots du Premier ministre anglais Rishi Sunak.
Article issu de notre numéro 63 « +4°, ça va chauffer ! », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Ces discours essaiment partout. Ils ont un impact très clair sur la façon dont la population perçoit les mouvements de contestation et permettent aux États de légitimer le développement de mesures et de méthodes qui visent spécifiquement les militants du climat, comme en Allemagne, en Italie, en Espagne ou au Portugal. De nouvelles législations prennent pour cibles les militants et les assimilent à des...