Sur les trottoirs du quartier du Busca, dans le centre-ville de Toulouse, Boris Presseq, botaniste au Muséum national d’histoire naturelle de la ville, inscrit à la craie le nom des plantes qui surgissent au pied des gouttières et dans les fissures du bitume. Pariétaire de Judée, pourpier maraîcher, renouée persicaire, drave printanière… Plusieurs fois par mois, il colporte symboliquement le vivant dans des lieux où il semble avoir reculé, voire disparu. « Je ne pourrais pas faire ce que font les militants écologistes. Risquer la garde à vue ou des coups par les CRS ou encore être fiché S… C’est un trop gros coût à payer. Alors je répertorie le vivant dans l’espace public et j’alerte les citoyens sur la destruction des écosystèmes qui nous entourent », explique-t-il.
Convaincu que le métier de naturaliste est nécessairement politique, « puisqu’on est les témoins directs de la disparition d’espèces tout au long de notre carrière », Boris Presseq déplore cependant que la profession n’ait pas placé plus tôt le combat écologiste au centre de ses préoccupations. « Il y a quelque chose de très égoïste chez les naturalistes ; on choisit souvent ce métier parce qu’on aime être dans la nature et la contempler, et non forcément par engagement. » Le botaniste regrette également que la plupart des institutions naturalistes, comme l’Office français de la biodiversité (OFB) ou la dizaine de conservatoires...