La Women's Pentagon Action
À l’origine de l’écoféminisme américain, il y a ce groupe de femmes qui, un an après l’accident nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie), en 1979, se réunissent spontanément autour de leurs engagements antinucléaires, pacifistes et féministes. Après avoir organisé la conférence « Les femmes et la vie sur Terre », le mouvement naissant planifie sa première action devant le Pentagone. Le résultat est spectaculaire. Le 17 novembre 1980, 2 000 femmes se présentent devant le bâtiment, déguisées et maquillées pour la plupart. « Elles érigent des pierres tombales pour toutes celles qui sont mortes à cause de cette machine de guerre et de productivisme. On peut y lire les noms d’Anne Frank, de Marilyn Monroe, ou encore de femmes tuées au Vietnam », écrit Émilie Hache dans Reclaim (Cambourakis, 2016). Elles brandissent quatre mascottes de plusieurs mètres de haut : une première blanche, symbolisant le deuil, puis une rouge figurant la colère, « à laquelle se joignent des cris, des tambours et un vacarme considérable ». Vient ensuite la poupée de l’« empowerment », dorée. Des activistes tissent alors des toiles avec du fil de laine devant les portes du Pentagone. D’autres lui jettent un sort. Arrive enfin la « poupée du défi », noire. « Nous sommes entre les mains d’hommes dont le pouvoir et la richesse les ont séparés non seulement de la réalité...