Ce texte est extrait de Boniments, paru en janvier 2023 aux éditions Amsterdam.
En bonne boutique, Netflix n’a pas d’idéologie. N’a d’idéologie que son chiffre d’affaires. Netflix ne défend qu’une cause, qui est Netflix. Ne cherche qu’une chose : notre présence sur Netflix. Ce qu’une cocasse antiphrase appelle notre attention.
Films et séries diffusés sur Netflix sont des lieux de médiation entre Netflix et nous ; des appâts qui nous attirent sur la plateforme comme une promo sur les ampoules 50 watts nous attire au Leclerc. Si nous étions capables de regarder quatre saisons d’une lime à ongles en un week-end, l’appât serait une lime à ongles.
Mais Netflix produit une bonne partie des produits audiovisuels qu’elle diffuse, et qui ipso facto portent son empreinte. Si éclectique se prétende la plateforme, l’offre y est aussi diversifiée qu’est large le spectre idéologique des animateurs de France Inter. D’un film l’autre court un même récit, un même narratif.
Ce narratif est à deux personnages. Le personnage principal est un monstre. Le monstre, par définition, n’a pas de limites. Il promet donc une offre illimitée de crimes, et d’épisodes pour les détailler. Le serial killer est le personnage phare du narratif Netflix parce qu’il est à la fois tueur et sériel. Viscéralement tueur et donc sériel, ce qui garantit un nombre minimal de pics d’horreur et autant de climax. Les...