Une usine est accrochée à la falaise, perdue dans la splendeur du cap Corse. Tout autour, la roche est écorchée et grise. L’héritage ostensible de la mine de Canari, une vieille exploitation à ciel ouvert d’amiante fermée en 1965. Sa petite quinzaine d’années d’exploitation à plein régime a généré des millions de tonnes de déchets miniers. Ils ont été rejetés à la mer et sont revenus au rivage sous forme de plages de sable noir. Celles d’Albo et de Nonza baignées par une mer turquoise sont parmi les plus « instagrammées » de France. Une photogénie produite par un désastre écologique ignoré, qui recèle un autre secret.
Article issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
En novembre dernier, un homme se filme sur la plage lunaire de Nonza. Il tient à la main une sorte de gros aimant qu’il plonge dans le sable. Une masse hérissée de poudre métallique s’y accroche instantanément. L’homme est consultant pour Aurania Resources, une société d’exploration minière canadienne. Sa vidéo, publiée sur la chaîne YouTube de l’entreprise annonce : « Aurania fait une énorme découverte en Corse. » Ces déchets miniers transformés en plage contiendraient une importante réserve de nickel, un métal classé « critique » par l’Union européenne.
Autrement dit, jugé essentiel au fonctionnement de la société et de la vie économique. Deux semaines...