Février 1812. Plusieurs centaines d’ouvriers détruisent à coups de massue des métiers à tisser en signe de protestation contre la mécanisation croissante de l’industrie textile. Le 20 mars 1812, la « Frame-Breaking Bill », une loi qui interdit de détruire les métiers à tisser mécaniques, est approuvée au Parlement anglais. Elle entend endiguer la révolte qui gronde parmi les ouvriers, baptisés « luddites » – en hommage à Ned Ludd, auteur présumé du tout premier bris de machines.
Article issu de notre numéro 64 « Peut-on échapper à l'emprise numérique ? ». En kiosque, librairie et sur notre boutique.
Deux siècles plus tard, dans le quartier chinois de San Francisco, une foule encercle une voiture autonome de la marque Waymo avant d’y mettre le feu. Une action directe qui fait écho aux actions des militants du collectif Safe Street Rebel qui désactivent les voitures autonomes en circulation en les encerclant de cônes de signalisation – un procédé qui met hors d’usage les capteurs qui bardent ces véhicules. Aux États-Unis, des étudiants se réunissent pour réfléchir à l’usage des technologies à travers le mouvement « Log Off » et le « Luddite Club » se créent dans plusieurs écoles à New York où des jeunes échangent dans des parcs autour du luddisme. L’effervescence de la technocritique outre-Atlantique jouirait-elle de l’héritage révolutionnaire des luddites ? Qui sont ces...