Fleuve sauvage et pêche en danger

Philippe Boisneau, pêcheur-chercheur sur la Loire : « Il n’y aura aucun poisson pour pondre cette année »

Photos : Dorian Prost

Philippe Boisneau fait partie de la centaine de pêcheurs en eau douce à vivre de ce métier sur la Loire. Sécheresse historique, prolifération d’espèces envahissantes, disparition progressive du saumon… ses trente années d’expérience, ainsi que son parcours de scientifique et de militant écologiste, racontent les menaces qui pèsent sur l’un des fleuves les plus préservés d’Europe.

La veille, il nous avait prévenus : on risquait de ne pas mettre un pied sur l’embarcation. Après deux mois particulièrement secs, des nuages gorgés de pluie menacent d’éclater sur la Loire. Finalement, le ciel finira par se dégager in extremis au-dessus de la barque de Philippe Boisneau, l’un des quatre cents pêcheurs professionnels en eau douce de France. Toujours pas de grain, on laisse les bottes dans la voiture. Sur la berge, une passerelle en bois descend raide, jusqu’au ponton. « Normalement, la plateformeest à l’horizontale, il doit bien manquer deux mètres de flotte », s’agace-t-il, avant de nous inviter à trouver une place entre ses deux comparses, Nicolas, Antoine, et quelques caisses en plastique vides.

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Cela va faire trente ans que Philippe Boisneau navigue jusqu’à cinq fois par semaine sur ce tronçon de fleuve. La portion qu’il loue à l’État pour y exercer son activité s’étale sur vingt kilomètres, coincés entre Chaumont et Montlouis, à quelques coups de pagaie de Tours, dans l’Indre-et-Loire. Lui, parcourt ce cours d’eau sinueux avec un petit moteur et un filet, menant en zigzags les 700 kilos de son embarcation à travers les « culs de grève », ces bancs de sable instables qui causent parfois la mort de baigneurs imprudents. « La Loire a la particularité unique d’avoir un fond...

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
La crise écologique, un héritage colonial ?
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