Crise aux antilles

Pierre Odin : « L’inégalité raciale est frappante au sein des sociétés antillaises. »

Manifestations contre la vie chère aux Antilles, à Paris le 10 novembre 2024.
Manifestations contre la vie chère aux Antilles, à Paris le 10 novembre 2024. © Clea Chakraverty

Les mobilisations spontanées contre la vie chère qui ont essaimé en Martinique à l’été 2024, et plus largement aux Antilles, portées notamment par le collectif Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) s’inscrivent dans une histoire longue de la contestation ultramarine. Socialter s’est entretenu avec Pierre Odin, maître de conférences en science politique à l’Université des Antilles, auteur de Pwofitasyon. Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique (La Découverte, 2019), pour comprendre le potentiel et les ambiguïtés de ce mouvement de colère parti de la base.

Le récent mouvement contre la vie chère s’est constitué autour d’une figure charismatique, Rodrigue Petitot, dit « le R », et du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC). Comment expliquer l’émergence de ces figures qui rompent avec celle du type syndicaliste ou politique ?

En 2009, lorsque les mouvements de contestation ont émergé, il est vrai que le syndicaliste Élie Domota s’était imposé comme une figure incontournable en Guadeloupe et au-delà. Mais c’était autant dû à son activité de leader syndical qu’à ses origines sociales : un militantisme culturel et chrétien avec un fort ancrage populaire. Son syndicat, indépendantiste, l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), a porté la voix des luttes anticoloniales et ne faisait d’ailleurs pas toujours consensus parmi la population.

Article issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.

Malgré les différends idéologiques, la légitimité sur laquelle s’appuie Rodrigue Petitot, un anonyme au parcours accidenté, sans ancrage politique, au parler populaire et créole, est assez proche. Ce dernier est d’ailleurs surnommé le « R », initiale qui renvoie aussi bien à son prénom qu’au nom du collectif. C’est une figure populaire qui se distingue dans des moments où l’autorité légitime entre en crise, en l’occurrence les élites qui...

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NUMÉRO 67 : DÉCEMBRE 2024 - JANVIER 2025:
Résistances rurales : Comment lutter contre l'extrême droite depuis les campagnes ?
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