«Je parle de cette nuit où l’absence de lumière est totale : un sous-bois à 1 heure du matin, sans lune et par temps couvert. Il fait noir de noir, on ne voit plus ni le sol, ni le ciel, ni les arbres. On ne voit plus rien. » Dans les locaux de la revue Vents du Morvan où il est installé, avec des étagères remplies d’archives pour seul décor, Yvon Letrange lit à voix haute un article de son cru. Il y raconte son expérience de marche nocturne, dans le noir complet, dans une forêt connue à côté de chez lui, là-bas sur les hauteurs d’Anost où se trouve le local du journal.
Article issu de notre numéro 63 « +4°, ça va chauffer ! », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
On imagine Yvon dans le silence peuplé des sous-bois, les deux bras en avant, avançant à hautes et courtes enjambées pour esquiver les racines et poser le pied lentement pour éviter de tomber dans un trou. « Je décide de prendre un moment de répit et de m’asseoir au pied d’un arbre. Je passe ma main sur le tronc, je sens une écorce rugueuse, avec des crevasses, peut-être un chêne ? Je ramasse des feuilles au sol, les froisse dans ma main, leur odeur semble confirmer, alors délicatement, je palpe du bout de mon doigt le pourtour de cette feuille dentelée… c’est un chêne, j’en suis sûr. Je pose l’autre main au sol et je caresse une surface duveteuse, agréable... de la mousse ! Comme la mousse pousse, dit-on, côté nord sur les...