Qui sont les travailleurs de la logistique ?
La logistique au sens large est un monde très hétérogène, avec des personnes travaillant à la fois dans les ports, dans le transport routier et maritime, mais aussi très souvent dans des entrepôts de la grande distribution, du e-commerce, de la messagerie. Ils sont aujourd’hui environ 800 000, et même 1,5 million en comptant le transport. 80 % sont des hommes, pour la plupart racisés, et la grande majorité sont des ouvriers. En 2021, 13 % des emplois ouvriers en France relevaient ainsi du secteur de la logistique, contre seulement 8 % dans les années 1980.
Entretien issu de notre numéro 58 « L'empire logistique », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Dans les entrepôts, où il n’existe que très peu de métiers qualifiés, 80 % du travail relève de la manutention. On y trouve des caristes, des agents de tri, des préparateurs de commandes qui prennent en charge les palettes de produits… Des métiers qui, jusqu’à la crise du Covid-19, étaient très invisibilisés. Et ce alors qu’en France, en 2021, le secteur représentait 10 % du PIB national et 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires…
Comment expliquez-vous cette invisibilisation ?
Elle tient déjà à ce que l’on pourrait appeler une forme d’ethnocentrisme de classe. Ces ouvriers ont été longtemps invisibles aux yeux des chercheurs, des journalistes ou encore de la classe politique mais, dans les milieux...