L'anthropocène en infographies

AR6 : Que dit le rapport du GIEC ?

© infographies : Clément Quintard

Encore plus inquiétantes que par le passé, les conclusions du Groupe 1 du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont été rendues publiques le 9 août 2021.


Les modélisations du climat passé permettent désormais de confirmer que l’origine anthropique du changement climatique est incontestable, les facteurs naturels ne permettant pas d’expliquer le récent réchauffement planétaire.

Les puits de carbone océaniques et terrestres (forêts, tourbières…) sont de moins en moins efficaces pour ralentir l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en raison de leur détérioration (directe ou indirecte) par les activités industrielles.


Sauf réaction immédiate et réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030, limiter le réchauffement à + 1,5 °C deviendra impossible. La hausse de la température planétaire va se poursuivre même dans les scénarios d’émissions les plus optimistes.

Si la trajectoire actuelle se poursuit, « les émissions vont augmenter de 16 % d’ici à 2030, conduisant à un réchauffement de +2,7 °C d’ici la fin du siècle » 2. Pourtant, au-dessus de +2 °C, davantage de seuils de rupture (ou points de basculement) sont susceptibles d’être franchis dans le système climatique, avec des conséquences lourdes et irréversibles pour l’ensemble du climat 3.


Les phénomènes météorologiques exceptionnels (canicules, sécheresses, inondations) affectent aujourd’hui toutes les zones peuplées de la planète. Ils sont plus fréquents, s’intensifient et sont sans précédent depuis des milliers d’années. Plus le réchauffement planétaire moyen sera important dans le siècle à venir, plus ces épisodes extrêmes seront récurrents et pourront se produire simultanément.

Des changements climatiques déjà engagés comme l’élévation du niveau marin, la fonte des calottes glaciaires ou le réchauffement des océans sont irréversibles.


Les rouages de la catastrophe


Rapport après rapport, la crise écologique est de mieux en mieux documentée, laissant apparaître un enchevêtrement de bouleversements aux causes et aux conséquences multiples.  Deux pôles majeurs, qui cristallisent toutes les inquiétudes, se dégagent : les émissions de gaz à effet de serre et, plus terrible encore, l’érosion de la biodiversité.


Anthropocène Now - Les futurs possibles

Depuis 1960, les émissions de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre (GES), ont presque quadruplé. Si la part des pays émergents, Chine et Inde en tête, tend aujourd’hui à devenir prépondérante dans le réchauffement climatique, il ne faut pas sous-estimer la responsabilité historique des pays du Nord, encore plus écrasante lorsque leurs émissions sont rapportées à leur nombre d’habitants. 


Alertes rouges

En 2009, une équipe de 26 chercheurs dirigée par le Suédois Johan Rockström et l’Américain Will Steffen propose dans la revue Nature de définir neuf « limites planétaires ». Si un ou plusieurs de ces seuils devaient être franchis, préviennent les auteurs, des effets « délétères voire catastrophiques » seraient à redouter. L’idée est d’identifier les différents équilibres et interconnexions qui rendent le « système Terre » habitable pour l’espèce humaine, mais aussi de proposer des lignes rouges chiffrées pour définir un cadre « durable » aux activités anthropiques. Lors de la dernière actualisation de leurs travaux, en janvier 2015, les scientifiques ont affirmé que quatre limites avaient été dépassées** (changement climatique, cycles biogéochimiques, usage des sols, intégrité de la biosphère). Deux autres seraient en passe de l’être (acidification des océans et la consommation d’eau douce).

* Depuis mi-janvier, une cinquième limite (pollution chimique) vient d'être dépassée.

**Depuis fin avril, une sixième limite (cycle de l'eau douce) vient d'être dépassée.

Une vision mécaniste

Le modèle des limites planétaires a le mérite d’affirmer sans détour deux éléments capitaux : d’une part, que les activités humaines s’exercent dans un monde qui est borné par des limites physiques ; d’autres part, que certains de ces seuils sont d’ores et déjà franchis – en somme que la catastrophe est déjà là, sous nos yeux, et que nous devons à tout prix tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Néanmoins, cette approche est également très contestable. Outre qu’elle liste de grandes catégories écrasantes et des seuils abstraits à ne pas dépasser, elle adopte également un caractère fondamentalement anthropocentrique et mécaniste : la Terre est vue comme une entité potentiellement défectueuse si elle est mal entretenue, dont les équilibres écologiques doivent être préservés non pour ce qu’ils sont, mais pour les « services » qu’ils rendent à l’espèce humaine.

La sixième extinction

Les populations de vertébrés sauvages en déclin de 68 % depuis 1970, 80 % d’insectes en moins en Europe en l’espace de 30 ans, 38 500 espèces menacées de disparition, 477 espèces éteintes depuis 1900... Depuis quelques années, les chiffres chocs et les rapports paniqués s’accumulent pour documenter l’érosion de la biodiversité. Au point que certains naturalistes et écologues parlent désormais d’une « sixième extinction de masse ». Mais dès qu’il est question de « mesurer » la biodiversité et ses multiples facettes (voir schéma ci-contre), les données et les connaissances disponibles sont nécessairement limitées.

D’abord, parce que nous ne sommes en contact qu’avec une infime partie du monde vivant – à peine avons-nous répertorié, au mieux, un quart des espèces sur Terre, soit environ 2 millions. Ensuite, parce que les multiples relations entre les espèces et leur écosystème demeurent, aujourd’hui encore, mal comprises. Estimer l’hécatombe en cours se révèle alors un exercice aussi frustrant qu’incertain. En revanche, en identifier les causes est, d’un point de vue scientifique, beaucoup moins périlleux : destruction des habitats, surexploitation, introductions d’espèces invasives, pollutions… Encore et toujours, c’est bien la société industrielle qu’il faut incriminer. 

Espèce ou population ?

La confusion est souvent faite entre ces deux termes, mobilisés à tort et à travers dès qu’il est question d’érosion de la biodiversité. « Espèce » désigne un ensemble d’individus interféconds et partageant une communauté d’ascendance – par exemple « les loups » dans le monde. « Population » renvoie, quant à lui, à un ensemble d’individus de la même espèce cohabitant dans un espace déterminé : « les loups européens ». Lorsque l’on parle d'une baisse de « 68 % des populations de vertébrés sauvages », cela signifie qu'au sein de la communauté d'espèces « vertébrés sauvages », les effectifs ont chuté en moyenne de 68 % ; et non que plus des 2/3 des espèces autrefois présentes sur la surface du globe en ont été éradiquées.

Retrouvez toutes les infographies et les analyses complètes des menaces qui pèsent sur notre planète dans notre hors-série L'écologie ou la mort

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