Depuis plusieurs années, Mathilde Szuba, enseignante-chercheuse à Sciences Po Lille et membre de l’Institut Momentum, plaide pour que soit envisagée la mise en place d’un système de rationnement qui suivrait une logique de quotas plutôt que de taxe : la carte carbone. Proche de celui initialement proposé en 1996 par des chercheurs britanniques (David Fleming, puis Richard Starkey et Kevin Anderson), ce système consiste à fixer un budget national annuel d’émissions de CO2 à ne pas dépasser, qui diminuerait au fil des années, conformément aux objectifs climatiques.
Article issu de notre numéro « Bienvenue dans l'ère du rationnement », disponible en kiosque et sur notre boutique.
Il serait réparti en quotas égaux entre tous les habitants à travers une carte, qui serait utilisée pour la consommation d’énergie primaire (le gaz, le fioul, l’électricité, l’essence) ainsi que pour les achats de billets d’avion. « Alors qu’une taxe met en difficulté ceux qui sont à la fois les plus pauvres et les moins responsables des émissions, un système de quotas met en difficulté ceux qui surconsomment dans la société », explique Mathilde Szuba. La carte carbone présente toutefois une certaine flexibilité. À l’instar du marché européen du carbone, elle prévoit de créer une bourse d’échange où les personnes qui consommeraient moins que la part qui leur a été allouée pourraient vendre leur excédent à ceux qui voudraient...