Mayas, Romains, Mycéniens, Égyptiens : autant de civilisations qui nous intéressent pour leur grandeur et, parfois, plus encore pour leur effondrement. Comme un signe, c’est dès le début de l’époque moderne que ce sujet fascine. Deux célèbres ouvrages trahissent la grande angoisse du siècle des Lumières : les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Montesquieu, en 1734, et l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain du Britannique Edward Gibbon, dont les six volumes paraissent entre 1776 et 1788. Ramollissement moral, déclin économique, retard technologique, décadence militaire… mille et une pistes ont été avancées pour expliquer la chute de Rome, comme des autres grandes civilisations. Mais l’une des causes de déclin a longtemps été minorée : les inégalités.
Article issu de notre numéro 57 « Manger les riches ? », en kiosque et sur notre boutique
« Malgré les recherches récentes et passées sur l’effondrement des États anciens et sur l’inégalité dans l’Antiquité, le rôle possible de l’inégalité dans l’effondrement a été ignoré », regrette le chercheur Malcolm Stanley Levitt dans une étude. Selon lui, « la négligence actuelle du rôle possible de l’inégalité dans l’effondrement ancien révèle probablement un manque d’intérêt pour le sujet ». En témoigne l’exemple du célèbre Effondrement (Gallimard, 2006) où le...