Toc, toc, toc ! Qui vient de frapper à la porte ? Le narrateur, habitant un appartement de Buenos Aires, ne connait pas l’homme se présentant chez lui. C’est un Écossais, un vendeur itinérant aux apparences modestes qui tente d’écouler ses Bibles. Il n’est pas tombé sur le client le plus facile : des Bibles, le narrateur du Livre de sable en a déjà plusieurs. Le vendeur, dans cette célèbre nouvelle de Jorge Luis Borges, ne se démonte pas.
Article issu de notre numéro « Êtes-vous éco-anxieux ? », disponible en kiosques, librairies et sur notre boutique.
Il y a un autre ouvrage dont il cherche à se défaire. Le vendeur le lui tend et met le narrateur au défi de retrouver la première et la dernière page du livre. C’est impossible. Il reste toujours quelques pages entre la couverture et la main du lecteur ! « Le nombrede pages de ce livre est exactement infini », explique le vendeur. « Aucune n’est la première, aucune n’est la dernière. » Le narrateur poursuit : « Il me dit que son livre s’appelait le Livre de sable. » Pourquoi ? « Parce que ni ce livre ni le sable n’ont de commencement ni de fin. »
Borges se trompait. Le sable, que l’on associe volontiers aux vacances, à l’enfance, aux châteaux que l’on bâtit pour les détruire ou les laisser disparaître dans les flots, n’a rien d’infini, d’illimité ou d’éternel. Notre regard est induit en erreur par les images des étendues...