Le WWF a publié le 28 novembre 2017 une étude sur la mise en place de l’article 173 de la loi sur la Transition énergétique pour la croissance verte. Ce texte impose aux investisseurs institutionnels d’informer leurs clients sur la manière dont leur épargne contribue au financement de la transition énergétique. L’ONG s’est penché sur une quinzaines d’assureurs français.
Le rapport vise notamment ceux proposant une assurance vie. Il s’agit d’une des formes d’épargne favorites des Français, puisque 37 millions de personnes en bénéficient. Au total, le rapport regroupe plus de deux mille milliards d’euros d’investissement, soit l’équivalent du PIB annuel français.
L’organisation regrette que “les pratiques actuelles des assureurs ne [soient] fidèles ni à l’esprit ni au texte de l’article 173 qui visait explicitement le grand public comme destinataire d’une information relative au changement climatique”. Le WWF précise que “les rapports préparés par les assureurs s’adressent à un public d’experts financiers et institutionnels”. En résumé, les informations proposées ne sont pas compréhensibles pour un public non spécialiste du secteur.
Impossible, ou presque, pour un assuré de connaître l’impact de son épargne sur la transition énergétique. Une enquête de l’IFOP réalisée en septembre dernier plaide en ce sens: “89% des épargnants déclarent que leur banque ou assurance ne les informe pas suffisamment sur l’impact de leur épargne sur le changement climatique.”
Manque de simplicité et de clarté
Dans son analyse, l’ONG souligne un manque de simplicité et de pédagogie de la part des assureurs: “ils devraient s’efforcer d’utiliser des termes simples et compréhensibles par les épargnants (...) pour les aider à comprendre le lien entre les effets du changement climatique et l’impact sur la finance, et donc sur leur épargne”. Parmi les recommandations: l’utilisation d’outils comme des infographies pour aider les clients dans ce sens.
Elle pointe aussi du doigt le manque de précision des informations, dont “l’utilité pour les épargnants restera limitée”, si les assureurs n’élaborent pas d’outils simples de compréhension pour les clients. Pire, ils sont “d’ailleurs eux-mêmes nombreux à mettre en avant les lacunes et limites méthodologiques”.
Dernier point négatif: le manque de lisibilité. Le WWF recommande l’emploi d’indicateurs simples de compréhension pour le grand public. Par exemple, l’illustration à travers la hausse de la température moyenne sur le globe, si l’épargne des assurés prépare à “un avenir à 2°C, à 3°C ou à 4°C de plus d’ici 2050”.
Selon Sophie Des Mazery, directrice de Finansol contactée par Socialter, ce non-respect de la loi serait dû au changement qu’elle provoque pour les assureurs: “rendre-compte de l’impact de l’épargne sur la transition énergétique est quelque chose de nouveau pour les assureurs.” Mais les choses pourraient évoluer rapidement compte tenu du fait que les assurés sont demandeurs d’informations. “Il y a une montée en puissance de l’inquiétude relative au bouleversement climatique. Ils souhaitent mieux orienter leurs actes d’épargnes vers des solutions plus durables”.
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