C’est en 2013, dans le quartier parisien du même nom, que naît l’idée de Simplon.co. Frédéric Bardeau est alors professeur au CELSA. Deux de ses élèves, apprentis codeurs, l’approchent un jour avec une idée germée lors d’un «bootcamp» américain, formation intensive au «coding» qui fait fureur dans la Silicon Valley. Ils ont perçu la puissance du format, mais veulent complètement repenser le concept. Leur idée : détourner le modèle pour faire du «coding» un levier d’insertion pour des personnes éloignées du marché du travail.
Ils n’auraient pu espérer trouver professeur plus réceptif. Frédéric Bardeau, expert de communication numérique, est un entrepreneur passionné, convaincu du fait que le numérique doit devenir une «arme de citoyenneté». Fondateur d’une agence de communication numérique à destination d’organisations sociales, il est aussi l’auteur d’un ouvrage reconnu sur les nouvelles formes d’activisme développées par le groupe de hackers Anonymous.
Ses étudiants avaient l’idée de départ, Frédéric l’expertise et le talent entrepreneurial pour en faire une réalité. L’aventure collective commence alors, et à peine six mois plus tard, Simplon.co voit le jour.
Des formations intensives à la programmation informatique
Nul besoin d’un diplôme d’ingénieur pour apprendre à coder : chez Simplon.co, la motivation, l’autonomie et l’envie d’apprendre suffisent. Gratuites, les formations intensives de six mois sont destinées à des jeunes éloignés de l’emploi, mais également à des seniors en reconversion, des demandeurs d’emploi, des personnes en situation de handicap et des publics sous-représentés dans le numérique (les femmes notamment).
Ce qui fait l’ADN de Simplon, c’est la pédagogie utilisée. L’autonomisation et la responsabilisation sont au cœur de ces stages intensifs. Le but est «d’apprendre à apprendre», de se questionner, de résoudre des problèmes. Les participants travaillent sur des projets concrets commandés par des entreprises, associations ou organisations publiques. Ils animent aussi des formations auprès d’employés de grands groupes comme La Poste ou Microsoft, interviennent dans des écoles et alimentent les cours en ligne proposés par Simplon.co. «Imaginez un jeune sans le baccalauréat, qui se retrouve dans un rôle de formateur face à des employés d’Orange : il se redresse, reprend confiance en lui», explique Frédéric Bardeau. Les résultats sont là : sur plus de 300 élèves formés, plus de 80% ont trouvé un emploi dans les trois mois.
Pas un, mais des Simplon(s)
La force de Simplon.co réside dans sa capacité à encourager la réplication de son modèle. Il existe aujourd’hui 17 écoles Simplon.co en France, chiffre qui devrait doubler d’ici la fin de l’année grâce au soutien de «La France s’engage» et à la labellisation «Grande école du numérique». Frédéric Bardeau explique que «s’ils ont tous un air de famille, aucun Simplon ne se ressemble. Chaque formateur est totalement libre du contenu de la formation, et les projets sur lesquels les simplonien(ne)s travaillent s’inscrivent toujours dans les besoins des écosystèmes locaux». Un modèle open source, qui sait ainsi s’adapter à la diversité des contextes et des publics : les fabriques Simplon.co sont aujourd’hui présentes aussi bien en milieu urbain défavorisé que dans des régions rurales isolées.
Le numérique comme levier de changement
Trois ans après le lancement de la première formation, Simplon.co a toujours l’ambition d’aller plus loin. Simplon Prod., entreprise d’insertion employant 80% de personnes en situation de handicap, s’est lancée en 2015 dans des activités de production de sites web, d’applications et d’objets connectés, à destination des entreprises, mais aussi d’organisations à mission sociale ou environnementale.
Pour faire du numérique un outil au service du développement, Simplon.co participait aussi en 2015 à la «Africa Code Week», qui a initié plus de 80.000 jeunes à la programmation informatique, en près de 10 jours, à travers une trentaine de pays africains.
Dernier projet en date, Simplon.co est en train de lancer un programme de formation à destination des réfugiés, pour faire du code un levier d’intégration.
La philosophie de Frédéric Bardeau et de l’équipe de Simplon.co est simple : le numérique doit devenir un vecteur de changement social, et ils sont prêts à aller sur tous les terrains, même ceux où on les attendra le moins.
Anaïs Petit
Ashoka
En 2015, Frédéric Bardeau a été sélectionné parmi les entrepreneurs sociaux du réseau Ashoka, qui rassemble les pionniers de l’innovation sociale au sein d’un réseau mondial de plus de 3000 Fellows.
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