Dans la comédie hollywoodienne Thank you for smoking, le héros est un fringant lobbyiste du tabac. « Je travaille pour une organisation qui tue 1 200 humains par jour. En gros, il y a Attila, Gengis Khan… et moi. » Le personnage s’exprime dans les années 1990. Trente ans plus tard, l’hécatombe liée au tabac a été multipliée par près de 20 : il tue 8 millions de personnes par an, selon l’OMS – quasiment toute la population de Londres.
Et les fumeurs ne sont pas les seuls à en pâtir : la plante tropicale rend aussi malades les familles qui la cultivent. En bout de chaîne, les six mastodontes du tabac affichent quant à eux des profits cumulés de 55 milliards de dollars.
Article issu de notre numéro 64 « Peut-on échapper à l'emprise numérique ? ». En kiosque, librairie et sur notre boutique.
Prières et commerce triangulaire
Comme la tomate ou la pomme de terre, qui appartiennent à la même famille de plantes, l’histoire du tabac commence en Amérique, bien avant l’arrivée des Européens. Les Amérindiens le fument ou l’inhalent pour se donner de l’énergie, accomplir des rituels ou partager le fameux calumet de la paix. Jusqu’à aujourd’hui, les peuples autochtones lui attribuent une dimension spirituelle. Dans Les Semeuses de Diane Wilson (Rue de l’échiquier, 2024, pour la version française), une adolescente de la tribu Dakhóta vole des cigarettes, non pas pour les fumer en cachette, mais pour que les brins...