Comment faire évoluer le célèbre format stand-up des conférences TED? Depuis 1984, ce concept né aux États-Unis permet à des entrepreneurs, artistes ou intellectuels de partager une opinion en quelques minutes face au public. Elles ont trouvé leurs limites au fil des années : personnification des idées, cloisonnement entre le présentateur qui monopolise la parole et des spectateurs qui ne peuvent intervenir à aucun moment...
Le 3 novembre dernier a eu lieu le TedxChampsÉlyséesWomen à la Salle Pleyel à Paris. En préambule des conférences sur le thème de l’égalité entre les genres dans l’espace public, les organisateurs avaient cette fois prévu des ateliers participatifs. Pour la première fois, le public devenait acteur de cet événement.
Pendant deux heures, une soixantaine de personnes ont échangé sur trois thèmes : le sexisme au travail, la lutte contre le harcèlement sur les réseaux sociaux et dans les transports. Pourquoi inclure de simples citoyens dans ces ateliers? Cindy Picard, co-organisatrice de ces ateliers explique ce choix: “Nous croyons à la puissance de l’intelligence collective”. “Ces ateliers se font en deux phases. Une première de convergence, où les bénévoles vont témoigner et poser des questions. Puis une phase de divergence, où ils vont proposer des idées”, poursuit-elle.
Une inégalité “ancrée dans les mœurs”
Pendant près d’une heure, sur chaque atelier, chaque participant partage son vécu, sentiment, expérience, souvent écrit sur des post-its qui finiront par consteller le mur. De cette partie “réflexion” naissent quelques idées principales, par exemple concernant les transports, où les femmes souhaitent accroître le sentiment de sécurité. Audrey Noeltner de Womenability, partenaire de l’atelier explique que “le sentiment d’insécurité est énorme. Aujourd’hui, 85% des femmes estiment que si elles sont agressées dans le métro, personne ne viendra les aider”.
Du côté de l’atelier pour la lutte contre le sexisme au travail, chacun peut lire des dizaines de phrases s’étalant sur les post-it collés au mur. Des phrases récurrentes, quotidiennes, insupportables telles que “tu as toujours de belles jupes… courtes” ou “impossible de recruter une femme dans l’informatique”. Même ton quelques mètres plus loin à propos de l'inégalité sur les réseaux sociaux, atelier animé par Fireside. Le point commun entre ces ateliers ? Une volonté de bouger les lignes et changer les mentalités. “Le constat est que cette inégalité est désormais ancrée dans les mœurs. C’est un peu “l’homme d’abord, les femmes ensuite”, explique Cindy Picard.
Cartes de sensibilisation
De ces deux heures de travail et d’échange, quelques initiatives concrètes ont pris corps. Bientôt, les passagers des transports parisiens devraient tomber sur des stickers avec des messages engagés, confie Audrey Noeltner. L’atelier consacré au sexisme au travail mené par les Hacktivateurs prévoit de son côté des cartes de sensibilisation : sur le recto un propos sexiste et sur le verso la réponse à lui donner. Une campagne sera aussi menée sur les réseaux sociaux pour rendre chaque utilisateur “ambassadeur de l’égalité”. Reste à voir si ce nouveau format TEDx aura une influence et un impact plus fort que sa version précédente.
Photos: Olivier Ezratty, Benjamin Jarrossay
Illustration: Virginie Nahon
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