Recroquevillé sur une couche de tourbe, protégé par des vitres à l’intérieur desquelles la température, l’humidité et la pression atmosphérique sont réglées avec précision, un homme vieux de 2 350 ans est exposé au musée danois de Silkeborg. Poils de barbe naissants, microbiote intestinal et bonnet en tissu encore intacts… Tout l’organisme de cet humain, retrouvé en 1950 par des ouvriers chargés d’extraire la tourbe sur le site de Tollund, situé près de la commune de Silkeborg, est resté figé dans le temps. Au Danemark, en Irlande ou encore en Allemagne, certaines tourbières ont conservé une multitude d’objets qui remontent aux premiers âges. S’il est possible d’en extraire des corps et des artefacts millénaires, c’est que l’acidité des tourbières ralentit le travail de décomposition de la matière organique.
Article issu de notre numéro 65 « Fric fossile ». En kiosque, en librairie et sur notre boutique.
Brune et spongieuse, la tourbe est une accumulation de matière organique fossile formée par la sédimentation et la décomposition lente de végétaux. On la retrouve dans les tourbières, des milieux saturés en eau en permanence, à la différence des marais où le niveau des nappes fluctue. « Dans les marais, l’air pénètre : les micro-organismes se développent et décomposent une bonne partie de la matière organique. Les tourbières, elles, ont comme particularité de stocker une grande quantité de...