Le soleil s’efface doucement derrière les contreforts du massif des Corbières dans les Pyrénées catalanes. Le train semble flotter sur les lagunes des étangs du Narbonnais, dérangeant une volée de flamands roses, occupés à picorer leur dîner. Le roulis du wagon berce doucement les voyageurs qui, après avoir sombré dans les bras de Morphée, se réveilleront à Paris, une poignée d’heures plus tard. Ce train de nuit est l’un des deux derniers à sillonner l’Hexagone. Partant de la capitale, il dessert Toulouse, Rodez, Latour-de-Carol et Portbou, à la frontière espagnole. L’autre convoie les montagnards jusqu’à Briançon, au cœur des Alpes. Ces deux lignes sont les vestiges d’un vaste réseau progressivement démantelé. Une mise à mort annoncée par le gouvernement en 2016, sous prétexte d’un manque de rentabilité : 25 % du déficit des trains Intercités (ou trains d’équilibre du territoire [TET]) et seulement 3 % des passagers transportés.
Un discours également martelé par la SNCF qui assure que ce réseau perd de l’argent du fait de la concurrence des vols low cost, du TGV et, plus récemment, des « cars Macron ». Une réalité économique contestée par des collectifs comme Oui au train de nuit ! Dans un rapport détaillé de 117 pages, ce collectif estime que la compagnie ferroviaire a sciemment sabordé cette activité en rendant le service moins attractif : absence de rénovation des wagons, difficultés de...