À l’heure où les enjeux de mobilités sont extrêmement sensibles, comme ont pu le montrer le mouvement des gilets jaunes, la loi sur les nouvelles mobilités ou la cession du service de bus de la SNCF à Blablacar, par exemple, il faut parler clair : les situations de monopoles sur les nouvelles formes de mobilité partagée ou douce - Uber, Blablacar, Deliveroo par exemple - empêchent d’exploiter tout le potentiel écologique et social de ces services.
La mobilité est au coeur des deux graves crises actuelles
La mobilité est au cœur de deux crises qui se renforcent l’une l’autre. La plus importante est écologique. La concentration d’actions humaines ayant un impact délétère sur notre environnement conduit à une extinction de masse du vivant. La disparition de 60% des espèces vertébrées depuis 1970 témoigne de la radicalité de cette crise. Or, la mobilité joue un rôle déterminant dans cette crise écologique : émissions massives de CO2, destruction des écosystèmes etc.
La seconde crise dans laquelle la mobilité est lourdement impliquée est sociale. D'un côté, l’autosolisme de centaines de milliers d'hommes et de femmes assis seuls dans leurs voitures renforce l'individualisme. À l’autre extrême, les voyageurs des transports en commun sont trop souvent compressés les uns contre les autres aux heures de pointe et souffrent d'une promiscuité épuisante. Enfin, l’exclusion de la mobilité de personnes en situation de précarité économique a un effet négatif sur leur insertion économique et dans l’emploi
Les monopoles ne sont pas à la hauteur de ces enjeux.
Heureusement, de nouvelles formes de mobilités, fondées sur un partage des ressources grâce à des plateformes numériques, entrent dans nos habitudes. Ces nouvelles formes, en partageant la mobilité, sont susceptibles d’en amoindrir l’impact écologique et de créer de nouveaux liens sociaux. Parmi elles : le covoiturage, qui permet de partager un trajet d'un point à un autre, l'autopartage qui permet de louer sa voiture individuelle à un autre individu, le VTC. Ajoutons également les formes douces de mobilité comme le vélo qui se sont fortement développés, à l’instar des livraisons urbaines.
Les nouvelles formes de mobilité ont d’abord été développées par des entreprises de croissance à vocation internationale : Uber, Blablacar, Deliveroo par exemple. Pour se développer, ces multinationales se sont appuyées sur deux pieds : des levées massives de capitaux investis en communication de façon à écraser le marché et tuer toute concurrence, selon le principe du “winner takes all” ; la production de leurs services par des personnes, qui, parce qu’elles sont en situation de précarité acceptent de devenir autoentrepreneurs au rabais plutôt que d’avoir un vrai emploi.
Ces plateformes sont en situation de quasi monopole pour délivrer des services de mobilité partagée. Qui existe en face de Blablacar, Uber ou Deliveroo ? Le problème est qu’aucun de ces monopoles ne s’est développé pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux que nous traversons. Et, logiquement, leur impact social est négatif et leur impact écologique indéterminé.
Répondre aux enjeux écologiques et sociaux
Ne nous résignons pas. Oui, les formes nouvelles de mobilité partagée sont une vraie réponse aux enjeux écologiques et sociaux. Ce ne sont pas elles que nous mettons ici en cause mais leur accaparement par quelques acteurs hautement financiarisés (regardons leurs levées de fonds et l’origine des fonds). Or, d’autres modèles économiques sont possibles. Des modèles coopératifs qui s’appuient pour se développer sur la constitution de vastes réseaux de coopérateurs-usagers. Ceux-ci leur apportent en outre capital et visibilité.
Tel est le cas de Mobicoop, la coopérative de la mobilité partagée. Parce qu'elle s'appuiera sur des milliers de coopérateurs plutôt que quelques fonds d’investissement, parce qu'elle a dans ses statuts un objectif social et écologique, Mobicoop est en train d'ouvrir un nouvel espace. Elle opère d’ores et déjà la seconde plate-forme de covoiturage en France avec plus de 100 000 trajets par an et s’appuie sur un réseau de 200 000 conductrices et conducteurs. Elle travaille sur une forme nouvelle d'autopartage entre particuliers. Elle s'attache à une mobilité inclusive pour les personnes qui sont exclus de la mobilité pour des raisons sociales ou géographiques.
Et Mobicoop n’est pas seule. Coopcycle offre un service de livraison à vélo coopératif et respectueux de ses livreurs. Citiz est une coopérative d’autopartage présente dans de nombreuses grandes villes de France. Rezo Pouce est une coopérative d’autostop...
Ensemble, nous construisons une offre de mobilité partagée et engagée pour faire face aux enjeux écologiques et sociaux des déplacements humains. Contournez les monopoles, rejoignez nous !
Bastien Sibille est président de Mobicoop, première coopérative de mobilité partagée en France, qui compte près de 350 000 utilisateurs.
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