A compléter

Un festival itinérant célèbre le talent des chefs cuisiniers réfugiés en Europe.

Le 20 juin dernier, des restaurants parisiens ouvraient pour la première fois leurs cuisines à des chefs réfugiés. Depuis, cette initiative citoyenne a fait du chemin: cette année, le Refugee Food Festival se tiendra dans 12 villes, en France et en Europe.

[Photo: Benjamin Loyseau/UNHCR]

Comment changer la perception que les Européens peuvent avoir des migrants? À contre-courant de certains discours politiques, le "Refugee Food Festival’’ a trouvé la bonne recette: réunir les bons vivants autour d'une cuisine aux milles saveurs, l'occasion d'améliorer l’intégration des réfugiés sur le marché de l'emploi. Le festival valorise ainsi les talents de certains hommes autour d'un moment festif où les cultures dialoguent et se rencontrent.
 


On écoute toujours mieux le ventre plein


Ils s’appellent Houssam, Fariza, Mohammad... Ils viennent de Syrie, de Tchétchénie ou d’Iran. Tous étaient chefs cuisiniers dans leur pays d’origine, avant de n’avoir d’autres choix que de tout laisser derrière. Il leur faut dorénavant repartir à zéro et se reconstruire, ici.
En mettant au cœur des dynamiques d’intégration le pouvoir fédérateur et universel de la cuisine, le Refugee Food Festival propose aux habitants des villes qui les accueillent de venir découvrir savoir-faire et cultures venus d’ailleurs. Les participants pourront s’essayer à un caviar d'aubergines syrien, un Malai Kofta indien, un Kabuli Palau afghan… L’idée est d’ouvrir et sensibiliser les esprits tout en se régalant. Un repas est aussi, et dans toutes cultures, un moment de partage, de discussion, de rires, de détentes—une idée ingénieuse pour ré-humaniser quelque peu la "crise des migrants".


L'autre recette du Refugee Food Festival: intégrer par l'emploi.

Marine Mandrila et Louis Martin, les fondateurs de l’initiative crééé en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le répètent: "objectif du festival est de sensibiliser à la cause des réfugiés mais surtout de faciliter leur insertion dans leurs pays d’accueil. Il faut intégrer par l’emploi". Car, au-delà du symbole, l’ambition est bien de permettre aux chefs réfugiés de trouver un travail. Or, le festival est aussi l’occasion pour eux de montrer leurs savoir-faire.

Une plateforme a été mise en place par l’association pour valoriser les profils des chefs et les mettre en relation avec des restaurants. D’ailleurs, plusieurs des cuisiniers de l’édition 2016 ont eu des propositions des restaurants participants —"notre plus grande fierté", se réjouit Marine Mandrila. C’est le cas de Mohammad, un des chefs de l’édition 2016 à Paris, qui a récemment été aux commandes du dîner du défilé Kenzo à l’occasion de la Fashion Week.  

Si le Refugee Food Festival, manifesto vivant et positif, a pris tant d’ampleur c’est qu’il aborde une problématique qui nous concerne tous: "Le statut de réfugié enferme et condamne, explique Louis Martin, le festival c’est l’occasion de faire tomber ces étiquettes. Ici, il n’y a que des Hommes qui vous invitent à leur table et aimeraient partager. Or, quoi de mieux qu’un repas pour entamer la discussion?’’ Un festival pour nous emmener vers une envie de vivre ensemble.

 


L'auteur de la tribune.

Diplômée en Sciences Politiques (IEP Paris) et en Politiques de Communication (Celsa, Paris Sorbonne), Amandine Lepoutre, serial entrepreneur, a crée plusieurs sociétés dans le secteur de
l’influence, du conseil et de l’accompagnement au changement: Thinkers & Doers, La
Société Anonyme, T&D accelerator.
Thinkers & Doers  est un réseau international de plus de 20 000 personnes qui a fait partie du classement de FORBES sur les cercles d’influence internationaux. Chaque année, il organise des conférences internationales sous le thème ‘’Follow the Leaders’’ et des creative mornings, deux fois par mois à La Sorbonne AbuDhabi et au Palais de Tokyo, qui rassemblent des personnalités internationales sur les thèmes du leadership, de l’innovation et de la création. 
[Photo: Cyrille George Jeruslami, Thinkers & Doers]


 

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