Ingénieur spécialiste des énergies renouvelables, Geoffroy de Reynal a travaillé pendant plusieurs années à l’étranger sur des chantiers éoliens. À son retour en France en avril 2017, il a été “choqué par le nombre de personnes vivant dans les rues” de la capitale. Lui vient alors l’idée de mettre au point un abri d’urgence isotherme et décide de créer une association: Iglou. Il déménage à Bordeaux (Gironde) et finance “de (sa) poche” les premiers prototypes qu’il fabrique de ses propres mains. Dix abris sont ensuite distribués dans Bordeaux avec l’aide de Médecins du monde. Conçus à partir d’une mousse de polyéthylène, ils protègent du froid mais aussi du feu, grâce aux propriétés ignifuges de l’aluminium qui recouvre la structure.
Geoffroy de Reynal se lance en freelance et travaille dans l’espace de coworking La Ruche. C’est là que, entre deux cafés, il entend parler pour la première fois de la Social Cup. Il s’inscrit à la compétition par envie mais aussi par nécessité: “j’avais absolument besoin d’une incubation car je n’avais pas les compétences commerciales pour développer Iglou”, confie-t-il. Pour décrocher la victoire lors de la Battle finale au Sense Cube de Paris le 7 février dernier, il a pu compter sur le soutien de sa famille et de ses amis, mais aussi d’inconnus, touchés pas la misère des SDF et qui, comme lui, “passaient souvent à côté de personnes dans le froid sans savoir comment les aider”.
“Il faut répondre à ce besoin d’urgence”
Grâce à cette victoire, Iglou partira en incubation pendant un an au Sense Cube de Paris. Le projet bénéficiera aussi d’une campagne de financement participatif sur KissKissBankBank, comme les onze autres finalistes, et d’un soutien de 3.000 euros par la Banque Postale pour débuter la collecte. Les autre projets bénéficieront quant à eux d’une aide de 500 euros pour ceux éliminés en phase de poule, 1.000 euros pour les demi-finalistes, 1.500 euros pour le finaliste. Même si l’objectif de la levée n’est pas encore fixé, Geoffroy de Reynal sait déjà à quoi servira la somme récoltée: “les fonds financeront les dix prochaines tentes qui seront envoyées à Paris, les déplacements que je ferai dans toute la France pour rencontrer les collectivités”. À terme, l’entrepreneur entend de constituer une équipe, “notamment composée de personnes de mon cercle intéressées par le projet”. Pour la fabrication des abris, il souhaite faire appel à des entreprises locales travaillant avec des personnes en réinsertion professionnelle.
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Iglou répond à un besoin d’hébergements d’urgence pour les sans-abris. Selon le dernier rapport annuel de l’état du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre, 143.000 personnes vivent sans domicile fixe, pour seulement 112.500 places en hébergement d’urgence. Les abris d’Iglou permettraient donc aux personnes vivant dans la rue “de bénéficier d’un abri individuel”. Une initiative qui, si elle ne répond pas au problème, pourrait sauver des vies et rendre la situation un peu moins insupportable pour des milliers de personnes. Mais comment convaincre les pouvoirs publics d’aider au financement de ce projet? “L’ouverture de nouvelles places d’hébergement d’urgence est très difficile, explique Geoffroy de Reynal, et celles proposées sont saturées. À Lille par exemple, le 115 doit refuser 95% des appels”. Pour boucler le budget, il compte aussi sur la levée de fonds et les dons. “À défaut de pouvoir leur proposer des places pérennes il faut répondre à ce besoin d’urgence, poursuit-il, l’ambition est que l’année prochaine plus personne ne dorme dans le froid”.
Pour découvrir les onze autres finalistes :
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