La vie de Voltairine de Cleyre a été « un défi lancé à toutes les hypocrisies », notait l’écrivain russe Alexander Berkman en préface aux écrits de la militante féministe et anarchiste américaine, qu’il publia en 1914. Si notre époque contemporaine est engluée dans des crises écologiques et sociales, et que le découragement guette, Voltairine de Cleyre a mis un point d’honneur à ne jamais devenir « une âme endurcie par l’habitude », selon l’expression de l’écrivain Charles Péguy. « Croyez à la force de votre âme. […] À la fin de votre vie, vous pourrez fermer les yeux en disant : “Je n’ai point été gouverné par l’idée dominante de mon siècle. J’ai choisi ma propre cause et je l’ai servie” », note-t-elle dans L’Idée dominante, texte paru en 1910 dans le journal anarchiste Mother Earth, édité par Emma Goldman.
Article issu de notre numéro 63 « +4°, ça va chauffer ! », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Si sa discrétion et sa vie brève – elle mourut à l’âge de 45 ans – font qu’elle demeure une figure peu connue aujourd’hui, sa pensée est « sans aucun doute des plus contemporaines », puisqu’elle défend l’idée que « la place de la femme est à construire », note la traductrice Léa Gauthier dans le recueil des textes de Voltairine, Y-a-t-il plus fier et libre que nous ? (Payot, 2023).
L’émancipation pour se libérer de la servitude